La pierre d’Orso – Xavier Champenois – Récamier
Introduction
Un roman historique fort.
Au cœur de l’Italie du 17e siècle, c’est une bonne trentaine d’années d’histoire que nous propose « La pierre d’Orso » de Xavier Champenois chez Récamier, toute nouvelle maison d’édition du groupe Editis !
La quête d’une vie gâchée, mais qu’elle force, quelle lecture !
[Livre reçu lors de l’opération masse critique de Babelio.]
Résumé :
« Duché de Milan, 1608. Sous des bourrasques de neige, Orso, brisé par la fièvre, assiste au martyre de sa mère. Tandis que le corps de la suppliciée bringuebale au bout d’une corde, le garçon perçoit les bribes d’une dispute entre un moine et un cavalier manchot avant de perdre connaissance. Il se réveille dans un couvent à des lieues du drame ; une seule aspiration guidera désormais sa vie : retrouver la dépouille de Mammina et lui offrir une sépulture.
Éduqué comme un enfant de Cour, Orso développe des talents exceptionnels pour les mathématiques, le dessin et la gravure, qui lui permettront de survivre chez différents maîtres artisans, graveurs, luthiers ou horlogers, dont il croisera la route à Brescia, Padoue, Venise et Rome, sans jamais renoncer à accomplir la mission qui le hante.
La Pierre d’Orso, c’est l’obsession d’un orphelin pour la mémoire de sa mère à travers les états italiens d’un XVIIe siècle ravagé par les guerres et les épidémies. Dans la lignée de La Religion de Tim Willocks, Xavier Champenois signe un roman envoûtant et exaltant, d’une infinie richesse. »
Style et Univers
Si je commence par le style et l’univers, c’est pour que vous compreniez mieux la suite.
Déjà, niveau historique, on se retrouve au cœur d’une Italie du 17e. Je ne peux pas vous dire à quel point c’est cohérent parce que je n’y connais pas grand-chose, mais ça m’a paru extrêmement bien renseigné ! On est vraiment plongée dans ce contexte que je n’ai pas toujours bien compris, mais dont j’ai réussi à percevoir les aspects essentiels.
Ce n’est pas un livre facile à lire, mais il n’est pas difficile non plus une fois qu’on a pris le rythme.
Je vais vous donner ma technique pour avancer quand vous commencez à bloquer sur un style : lisez à voix haute. Oui oui, je pense avoir lu plus de 70% de ce livre à voix haute et franchement, ça m’a aidée à avancer, à rester concentrée. Les dialogues sont bien sentis, le style profond et contemplatif.
« À cette heure, vivant à demi, il se trouvait bien parmi les morts. La honte monta et lui rougit les tempes. Vanité, car au jour de les rejoindre, ses chers morts, il ne serait plus qu’un corps, une masse inerte, un agglomérat. Dès lors, sa mère, qui vivait en lui seul, et pour qui, seule, il vivait, disparaîtrait pour de bon. Non ! Non, il n’abandonnerait pas à Venise son souvenir ; il allait se remettre debout, sortir de cette presqu’île infernale, et retrouver l’endroit où Mammina avait été mise en terre ; l’honorer enfin ! » p234.
Histoire
Je sais que de prime abord, on se dit que ce n’est pas pour soi, surtout quand en ont la vingtaine comme moi. Son contexte historique m’est complètement étranger, son vocabulaire tellement complexe que j’ai passé mon temps à chercher des définitions, mais j’ai suivi une histoire de vie qui m’a profondément émue.
L’histoire d’un enfant, d’un garçon, d’un homme, marqué par la vie et par l’histoire et que le livre ne prend jamais de haut. Quand Orso à huit ans, il a huit ans. Et face au dénouement, il redevient cet enfant qu’on a traumatisé, dont on a emmuré le destin.
Placide, se contentant de peu (voir plutôt de rien) et avec une seule mission de vie : la mémoire de sa mère. Orso souhaite la paix d’une routine, mais dans la vraie vie tout est question de manipulations pour ses propres intérêts.
Orso parle peu, mais qu’aurait-il à dire à ce monde ?
C’est un roman enrichissant abordant des questions de religions, de sciences et d’éthiques.
C’est difficile, mais c’est profondément instructif. Parce qu’entendre notre histoire, c’est comprendre le présent et débattre sur le futur.
Alors, je n’ai pas grand-chose à dire sur ce livre. Je l’ai fini avec un profond respect pour le personnage, même s’il est fictif parce que je me dis que c’est une histoire de vie qui a pu être réelle en partie. C’est du gâchis parce qu’Orso aurait pu apporter au monde, mais il a accompli ce pour quoi il est resté en vie et aucune prétention n’est jamais venue l’envahir.
Conclusion
Je finirais donc cette courte chronique (pour une fois) par dire que c’est un auteur à suivre ! Il y a vraiment ce côté « littérature classique » qu’il sait rendre attrayant par une belle et profonde histoire.
Une très agréable surprise pour ma part qui m’a vraiment marqué et qui a ouvert la parole à des discussions passionnantes avec ma mère (public de ma lecture à voix haute xD).
La pierre d’Orso est donc une histoire de vie, historique avec le suspens d’un puzzle de mémoire qui se reconstruit et le cœur serré pour son personnage.
2 commentaires
Xavier Champenois
Merci pour cette belle critique.
Un des intérêts du roman historique est, effectivement, de nous faire découvrir des univers (et des mots) qui ne nous sont pas familiers.
L’auteur
Clara
Merci d’être passé sur ma chronique !